TORPP, c'est avant tout une aventure scientifique entre copains…
Je travaille à l'hôpital avec Emmanuel, Philippe, Christine (Urgentistes), Anne, Samuel (Psychiatres)
et Guillaume (Gériatre); je suis pour faire simple leur « stratège » en recherche clinique :
je les conseille et les aide sur le designing méthodologique de leurs recherches, je co-rédige leurs
protocoles, analyse leurs données et publie avec eux... Parallèlement, je connaissais Sébastien
(Bactériologiste CHU de Pointe-A-Pitre) depuis plus de 20ans, lequel m'a présenté Pierre-Yves
(MC en Ecologie Université des Antilles)… Enfin, j'ai fait mon DEA en Ecophysiologie Animale avec Marc
(Coordonnateur Scientifique du WWF Nouvelle-Calédonie) et Fabien (Biologiste de l’Evolution au CNRS de Moulis); et ce dernier travaillait étroitement avec Jean-Christophe (Ecologue métagénomicien à l’UMR MARBEC),
et Gaëlle (Herpétologue à Virginia Tech USA) … Bref… les amis de mes amis ;-)…
Tous sans exception sont entrés graduellement dans la "danse", m’ont conseillé, encouragé et m'ont suivi dans
mes divagations TORPP, dans cette petite "folie" en marge de nos agendas déjà bien remplis. Le groupe de travail
TORPP, le noyau « dur », est né fin 2020, en à peine 1mois et 2 visios ZOOM internationales conduites entre 22h
et 1h du mat…. J'avais autour de moi des métagénomiciens, des cliniciens, mais aussi des vétos, des herpétologues,
des écotoxicologues… mais surtout j’avais une idée, une belle idée de recherche… une idée dite "intersectionnelle",
à la croisée de l'écophysiologie animale, mon ancien domaine, et la médecine humaine, mon nouveau terrain de
jeu depuis bientôt 20ans… … Je vous explique ?…
Le microbiote (terme générique qui se réfère à l'ensemble des communautés bactériennes qui vivent en
symbiose dans notre tube digestif et plus globalement sur l'ensemble des barrières biologiques de notre
corps: peau, bouche, poumons…) est de plus en plus étudié en Médecine Humaine pour son implication dans
certaines maladies, affections, mais aussi, à l'inverse pour la protection qu'il peut conférer à son hôte.
De la Gastro-Entérologie, à la Psychiatrie, en passant par la Gériatrie, la Parodontologie ou la
Cancérologie, toutes les spécialités médicales mettent au grand jour le rôle majeur du microbiote.
Transplantez le microbiote d’un patient souffrant d'obésité à une souris "stérile" (germ-free), elle
développera à son tour une obésité et des complications cardio-vasculaires associées; transplantez le
microbiote d'un patient déprimé ou schizophrène, à une souris, elle adoptera à son tour un comportement
anxieux, déprimé ou stéréotypé. Ces exemples sont aussi simples que caricaturaux, tant la complexité
mécanistique des interactions hôtes-microbiote est infinie. Nous ne sommes qu'à l'aube d'un nouveau
champ de la médecine humaine, ciblée sur les microbiotes, une médecine de pointe, de précision, ultra
personnalisée, prédictive, préventive et participative… Bref la Médecine "plein de P" affectionnée par
les acronymophiles ;-) …
J'ai particulièrement travaillé avec Emmanuel sur le Microbiote et la résistance aux antibiotiques,
mais aussi en Psychiatrie et Gériatrie sur son impact sur l'Axe Cerveau-Intestin (notre 2ème cerveau)
et son retentissement sur les processus cognitifs. L'architecture du microbiote chez des patients autistes,
déprimés, schizophrènes ou TDAH est modifiée. De la même façon, on retrouve des altérations de
la composition du microbiote avec l'âge et les maladies neurodégénératives comme la maladie d'alzheimer…
Le microbiote influence/façonne/détermine comportements et aptitudes cognitives, c’est indéniable ;
et il devient une véritable cible thérapeutique en médecine. Très longtemps, on a réduit son rôle à une
symbiose nutritionnelle, métabolique avec le corps humain. C‘est bien plus que cela… il éduque notre
système immunitaire, nous protège des agressions et dialogue en continue avec notre cerveau…
Dans ce contexte, depuis 10ans, la littérature exponentielle en Ecophysiologie et en Médecine Humaine
documente l’impact délétère des toxiques environnementaux (métaux lourds, polluants organiques, plastiques…)
sur les microbiotes, et cristallise un nouvel enjeu de santé publique… Comprendre ce qui est en jeu
chez la tortue marine, hyper-exposée à la pollution plastique, permet de mieux appréhender les risques
encourus en Santé Humaine… #OneHealth… Ca n’a rien de marketing, c’est désormais très intuitif ,
même si TORPP est résolument original dans sa présentation, car on ne mange pas de tortues… en
Occident en tout cas :-/
Bon, ça c'est côté boulot, hôpital! Côté perso, malgré mon changement de domaine,
j'ai continué ces 15 dernières années à m'investir dans du fieldworking sur des missions de recherche,
avec Fabien et Marc principalement: baleines à bosse, serpent tigre, lézard des murailles,
tortues marines… J'étais modestement "spécialisé" dans les mécanismes d'orientation animaux,
alors, quand début 2020, Marc me propose une mission tortue marine en Nouvelle-Calédonie, je ne
tergiverse pas! :-)) Même, je commence à avoir une idée en tête en lien avec la pollution
plastique et la neurocognition des tortues marines… J'ai 27h pour faire un peu de biblio dans
l'avion, c'est plus qu'il n'en faut pour la challenger ;-) …
Les tortues marines sont, par leur alimentation et leurs cycles de vie, hyper-exposées à
la pollution plastique; elles sont en haut de la chaine alimentaire et vivent longtemps,
donc bioaccumulent de manière massive les polluants. Le plastique en premier lieu, les
macro-plastiques certes, mais aussi les micro-plastiques issues de leur dégradation ou
directement présents dans leur alimentation… Le microbiote intestinal est donc nécessairement
touché avec un impact direct sur divers indexs de santé, les publications émergent dans la littérature…
La détérioration de l'équilibre microbiotique (on parle d’homéostasie) se traduit par un désordre
nutritionnel, métabolique, hormonal, immunitaire; ce sont les indexs de santé classiquement mesurés
et publiés. Mais c'est là que "l'intersection" s'opère ;-) … Ces désordres sont très probables
et vont assurément contribuer à fragiliser les tortues, avec une morbi-mortalité intuitive ;
mais un mécanisme plus insidieux pourrait être en jeu … avec un impact beaucoup plus grave sur
les dynamiques de population. En effet, si on se réfère à ce qui est observé chez l’Homme,
les dysbioses (déstabilisations du microbiote) sont susceptibles de conduire à des perturbations
de l'axe cerveau-intestin et des aptitudes cognitives de l'hôte. Chez l'homme, on retrouve
par exemple des comportements anxieux et dépressifs, des interférences sur les fonctions exécutives
(une désorganisation autour d'une tâche et/ou un objectif à atteindre), des perturbations
mnésiques (problèmes de mémoire)… Réunissez ça en période de reproduction chez une tortue
qui doit réaliser une migration efficace sur plusieurs milliers de km en haute mer, avec
une orientation géomagnétique (elles sont sensibles au magnétisme terrestre qui constitue
la base de leur navigation en détectant des modulations fines du champs magnétique
selon les latitudes et les longitudes) extrêmement sensible, et vous comprendrez le péril
qui pèse sur elles… Partir de Brisbane en Australie pour aller pondre au Nord-Ouest à
Bourrail à 1369Km en Nouvelle-Calédonie, avec une acuité, une concentration et un GPS
défaillant… c'est suicidaire… Et vous savez quoi ? Pour définitivement vous convaincre,
depuis 2020, une littérature émergente suggère que leur magnétosensitivité pourrait
s'articuler sur une symbiose avec des … bactéries magnétotactiques …
La boucle est bouclée… L’hypothèse de travail centrale de TORPP est posée… L'évaluation de
l’impact des micro-plastiques sur le microbiote intestinal, les aptitudes neurocognitives et
l’efficacité des mécanismes d’orientation pendant les migrations chez les tortues marines.
Jamais la question n'a été posée en ces termes, il s'agit du premier travail international
sur cet axe thématique…
Le corps du projet scientifique vous est présenté en Section TORPP, et vous vous posez probablement
une question… pourquoi nous solliciter? Parce que je suis convaincu qu'on peut/doit faire de la
recherche différemment, en associant la société civile, en recherchant des synergies
(il y a déjà des associations, des fondations qui s’investissent dans les réseaux de
surveillance des tortues marines, collaborons ! Aidons les, finançons les !), en s'appuyant sur
des complémentarités (j’apporte de l’hôpital et la recherche biomédicale, des outils d’évaluation
jamais déployés en Ecologie -bioimpédancemètrie, dosages de la calprotectine, de l’IL-6…-)… Nous
sommes tous experts dans nos domaines, l’équipe est solide et défend une cohésion unique puisque
nous sommes amis, nous continuons donc à cibler des appels d’offres académiques, mais pour la
première fois, nous allons également tenter de financer tout ou partie de cette recherche
scientifique par des mécénats et du crowdfunding… En captant l’attention de tous, en intéressant,
en sensibilisant, en se rapprochant du grand public… On va partager, communiquer
(Facebook, Instagram, LinkedIn) et je l’espère on va vous passionner…
Alors, ne tergiversez pas! Venez nous rejoindre dans cette aventure? ;-)
NB : Nous avons choisi le financement participatif ULULE (nous visons pour commencer 36KE)
et avons pris le soin de grader les fameuses « contre-parties » en fonction bien sur de vos
donations, mais aussi, de votre profil : assister aux réunions scientifiques TORPP ;
diner avec le Comité de Pilotage TORPP en vue de la préparation des missions ;
participer à une mission de terrain (fieldworking) en Méditerranée ou en Guadeloupe ; mais aussi,
parce que nombre d’étudiants éprouvent de vraies difficultés à trouver des stages et des
laboratoires d’accueil pour leur Master2 : proposer un sujet de mémoire ancillaire à TORPP
et bénéficier de l’encadrement de Fabien ou JC, chercheurs CNRS…